Il était une fois, il y a très longtemps, un homme, Li Yu. Il se lamente car tout le monde l'oubliera, lui qui n'a rien fait pour l'histoire. Alors, pour oublier sa peine, il appelle sa concubine favorite, Yao Niang. Elle danse, elle virevolte sur l'estrade en forme de lotus. Il se réjouit, ses pieds sont si délicats, si petits. Chaque jour, et pour le plaisir de l'empereur, Yao Niang enveloppe ses pieds dans des bandelettes de soie. Après elle, toutes les courtisanes imiteront ce geste. La tradition des pieds bandés se véhiculera par les femmes sur les femmes, de génération en génération, des courtisanes aux paysannes. Les petits pieds comme symbole de la grande beauté, de la grâce traditionnelle. Pékin. Je marche dans les hutongs à la recherche de ces femmes aux petits pieds, j'entends et je poursuis les échos d'une vieille concubine abîmée aux pieds...