Lundi 19 septembre a eu lieu la rentrée académique 2022 – 2023. L’INSAS y a accueilli sa nouvelle promotion d’étudiants et étudiantes. A cette occasion, la nouvelle directrice Manon Ledune a prononcé son premier discours de rentrée, que nous partageons ici.
19 septembre 2022
L’INSAS est une ruche : une structure complexe, fragile, bruyante, bourdonnante, qui œuvre chaque jour à produire de la rareté, grâce au travail d’équipes aussi multiples que spécifiques, et toujours au service du collectif.
Le corps étudiant, le corps enseignant, le corps administratif, le corps ouvrier.
A chacun nos espaces et nos temporalités ; mais toutes et tous nous œuvrons solidairement à remplir la mission principale de l’école : former des jeunes gens.
Pour cela, nous avons ‘une recette’, qui en 60 ans aura fait ses preuves. Car, en regardant en arrière jusqu’à aujourd’hui, des premières formations historiques au tout récent master en Danse et pratiques chorégraphiques, l’identité forte de l’INSAS traverse les années et les évolutions.
Le groupe classe, l’apprentissage par la pratique, l’exigence et la responsabilité artistique.
Ce sont là des points cardinaux du projet pédagogique de l’INSAS.
Cette constance n’est pas le résultat d’une obstination mais d’une justesse.
A rebours d’une société parfois trop individualiste, de normes réglementaires centrées sur le parcours solitaire, à chaque promotion, à chaque exercice, à chaque séminaire, nous misons sur le collectif.
Votre engagement garantit le succès des autres, et réciproquement.
La liberté académique est un autre point cardinal de l’école et doit le demeurer. C’est elle qui permet de vous confronter, vous les étudiant·e·s à des univers singuliers, multiples, parfois contradictoires.
Pour atteindre cette diversité, il faut certes une multiplicité de professeur·e·s, mais il faut également que vous professeur·e·s vous sentiez libres de transmettre votre point de vue, sur une œuvre, un métier, une pratique, une discipline sans devoir ‘ajuster’ votre regard à celui de vos collègues. Cela ne signifie pas que le corps pédagogique est anarchique et incohérent. Votre liberté académique s’exerce dans le cadre du projet pédagogique de l’école, et des valeurs qu’il promeut.
La liberté académique est également garantie aux options. L’INSAS s’organise au départ des options, que vous faites vivre, vous professeur·e·s, professeur·e·s-assistant·e·s et étudiant·e·s. C’est à cette échelle que se vit le quotidien de l’école, que s’amorcent les propositions. Là où le dialogue commence.
Et de dialogue, nous en avons grandement besoin. Pour ne pas céder à l’isolement, à la pensée unique, circulaire, jamais confrontée à d’autres arguments que les siens. Algorithmique presque. Accueillir le doute, accepter de chercher la vérité, et se méfier de celles et ceux qui la trouvent.
L’INSAS ne forme pas à des métiers de résolution, mais bien d’invention, d’imagination. Nos diplômé·e·s explorent, créent, défrichent, innovent, singulièrement. Et ce notamment parce qu’au cours de leur formation, il leur a été est permis et souvent vivement recommandé d’essayer, de chercher, de rater, de recommencer.
L’INSAS a toujours défendu une culture du processus, plutôt que du résultat.
Cette place laissée à l’épreuve permet d’explorer pleinement des possibles, un potentiel, sans être assigné·e·s à une obligation de résultat. Pour que vous puissiez vous, étudiants et étudiantes, vous sentir libres d’explorer, voire de vous tromper.
Que vous puissiez apprendre. C’est bien là le rôle le plus essentiel d’une école, finalement.
En 60 ans, la pédagogie par projet, la défense du collectif et le doute fécond ont fait leur preuve. L’école demeure en adéquation avec son époque, les générations d’étudiants et d’étudiantes qu’elle a accueillies. Parfois ces générations nous bousculent, nous devancent. A l’école de rester en prise. Cela requiert une vigilance constante, dont nous sommes toutes et tous garant·e·s, chacun et chacune dans nos rôles et responsabilités.
Cette année, nous accueillons donc la 60ème promotion de l’INSAS, qu’elle soit la bienvenue !
Et cet anniversaire sera double et bilingue car le RITCS, notre école sœur de la communauté flamande, fête également ses 60 ans. Et nous aurons la joie de fêter nos anniversaires ensemble. Le 16 décembre 2022, nous ferons un pied-de-nez festif à celles et ceux qui voudraient une Belgique désunie, et nous jetterons un pont le temps d’une soirée à BOZAR pour célébrer 120 ans d’enseignement de cinéma et de théâtre belge.
Cette rentrée nous permet aussi d’accueillir parmi nous la 2ème promotion du Master Danse et pratiques chorégraphiques, de poursuivre la collaboration fructueuse entamée avec La Cambre et Charleroi danse, au plus grand bénéfice des étudiant·e·s qui suivent un programme de formation de haut niveau, à l’image de tous nos cursus.
Je salue d’ailleurs les 11 étudiant·e·s de cette promotion qui sont parmi nous ce soir. Soyez les bienvenu·e·s à Bruxelles, la ville de la danse.
Comme beaucoup d’entre vous le savent, cette rentrée est inédite pour moi. C’est ma première rentrée en tant que directrice. Ça n’est pas rien ; c’est un peu impressionnant. C’est très réjouissant et source d’une grande fierté pour moi. Être à la tête de cette maison, si riche de son histoire, des parcours de celles et ceux qui en ont bâti la réputation, de celles et ceux qui y contribuent chaque jour.
Lourde peut être la couronne, mais enthousiasmante est la mission, car je sais que je peux prendre appui sur l’intégrité, l’exigence et l’engagement de toutes les équipes, de chacun et chacune de vous.
Et ça, ça donne envie de se lever, tous les matins, pour défendre cette belle école et le projet si singulier qui est le sien : accompagner les jeunes gens que vous êtes à la rencontre de vous-mêmes, de celles et de ceux que vous n’êtes pas encore.
Je vous souhaite une excellente rentrée académique !
Et je nous souhaite une 60ème année intense et féconde !
Merci
Manon Ledune
Directrice
Discours de rentée académique 2022 – 2023